Supplément Rebondir de la Vendée agricole : Des réflexes déjà ancrés

Presse
17/09/2020

A la tête de Nutriciab (alimentation animale), à Saint-Fulgent (85), Patrick Pageard revient sur sa vision pour la rentrée ... et après.

Site de réception des matières premières

Quelles mesures avez-vous prises durant le confinement pour votre entreprise d’aliments pour animaux ?

Nous travaillons dans les métiers de la production animale et « le vivant », cela ne s’arrête pas. Nous étions déjà habitués à gérer des crises humaines, sanitaires ou médiatiques. La première étape, en mars, fut d’évaluer les risques, pour protéger salariés et agriculteurs et de faire l’inventaire de nos équipements individuels. Gardant le minimum nécessaire pour deux mois, en matière de gants, blouses, charlottes, masques, cottes, nous avons apporté le reste aux Ehpad, hôpitaux, collectivités, selon les endroits.

Ensuite, nous avons organisé le travail et envisagé des scénarios de rupture fonctionnels et économiques : que se passerait-il si, demain, on avait du personnel absent, si les approvisionnements n’arrivaient pas ; si des marchés s’écroulaient ; ou si des produits n’étaient pas vendus ou livrés... Ceci afin de motiver les mesures prises dans l’entreprise. Nous connaissons les gestes d’hygiène et de désinfection et les pratiquons dans l’entreprise depuis longtemps, à tous les niveaux : nettoyage des véhicules, lavage des mains à tous les stades, gel hydro-alcoolique sur nos bureaux, fabriqués pendant cette période par notre laboratoire. Nous sommes aussi habitués aux chartes sanitaires pour la gestion des salmonelles ou d’influenza.

Enfin, il était important de remercier les salariés à tous les moments de la crise car nous n’avons pas eu de défection et mieux nous avons constaté une implication forte du personnel et beaucoup de solidarité.

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Tous les échanges en interne comme avec l'extérieur se font masqués

Avez-vous poursuivi votre production et votre activité commerciale ? L’organisation du travail a-t-elle changé ? Sera-t-elle maintenue durant les prochains mois ?

Cela a varié selon nos activités. Les sites de production – abattoirs, usines - ont assuré la continuité. Les ministres de l’agriculture et de l’économie ont encouragé le secteur agroalimentaire à poursuivre le travail pour garantir l’autonomie alimentaire de la France.

Pour nos personnels administratifs, et techniques des aménagements de travail ont été réalisés, en privilégiant rapidement le télétravail, et par la suite la distanciation de personnes travaillant dans le même bureau ou dans les salles de réunion. Des plexiglass ont été installés dans les lieux en contact avec des personnels extérieurs : accueil, réception et livraison de matières premières et d’aliments. Compte tenu des nouvelles directives ces mesures sont encore renforcées. Nous allons probablement encore aménager la salle de réunion et d’autres espaces pour créer des bureaux individuels temporaires, quand cela sera possible et limiter le nombre de personnes en salle de pause.

Pour les équipes techniques et commerciales, il y a eu, pendant une période, du chômage partiel (de 50 et 80 %). Mais elles ont toujours été en contact avec le terrain, pour assurer les urgences de suivi technique avec de nombreux échanges téléphoniques. Nous informions aussi les éleveurs via nos notes de communication techniques.

Pour les abattoirs en lien avec la restauration hors domicile (RHD), comme Savic ou Freslon, cela s’est arrêté brutalement : plus de débouchés (arrêt des restaurants et de la restauration collective). Quelques produits ont pu être réaffectés vers la distribution de proximité, la grande distribution, les magasins spécialisés. Les 600 magasins Biocoop (nos partenaires), ainsi que les magasins de proximité en général, ont constaté une activité soutenue. Face à cette redistribution de produits, le personnel a fait preuve d’une grande adaptabilité, pour se calquer sur les conditions d’expédition qui avaient changées du jour au lendemain.

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Le bocage vendéen riche de sa diversité agricole

Comment avez-vous répondu à la nécessité pour vos clients éleveurs d’être livrés en aliments ? Comment envisagez-vous l’avenir pour eux et pour vous ?

Dans un premier temps, nous avons dû répondre à une demande très forte des éleveurs motivée par la « peur de manquer ». La gestion de cette situation s’est révélée parfois compliquée car les approvisionnements restaient contingentés (problème logistique). Lors des livraisons, nous nous sommes adaptés au niveau de biosécurité des éleveurs. Le suivi technique des élevages s’est effectué lors de visites fixées sur rendez-vous (en cas d’absolue nécessité). Les éleveurs pouvaient choisir de « croiser » ou non le technicien et de faire un point téléphonique à l’issue de la visite.

Concernant l’avenir et les tendances du marché, nous poursuivrons le modèle de l’entreprise : être le plus réactifs pour satisfaire nos partenaires et garantir une activité dynamique chez les éleveurs. Une période de récession économique se profile peut durer. Il nous faut rester vigilant sur la solvabilité de certains clients, particulièrement en RHD.

Malgré cette crise, nous pouvons nous développer dans tous les modèles et tous les cahiers des charges. Restons optimistes et confiants dans la capacité de l’agriculture vendéenne pour s’adapter. Les agriculteurs de la CIAB et nos salariés sont conscients que cette crise va modifier notre quotidien mais nous restons confiants dans l’avenir.

Yvelise Richard

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